Un départ difficile
Seun est Nigériane. Elle arrive en France début 2014 avec son petit garçon âgé d'un an. Dès les premières semaines elle est confrontée à de grosses difficultés. Elle ne parle pas du tout français et il est compliqué pour elle de faire sa demande d'asile. Un jour, épuisée, seule avec son fils dans sa chambre d'hôtel, elle se demande s'il ne vaut mieux pas rentrer au Nigéria...
La jeune maman fait appel à l'OFPRA qui rejette sa demande deux fois. La jeune femme est timide et n'est pas prête à raconter son passé douloureux au Nigéria, ce qui complique les procédures. Seun a espéré très fort que ses démarches aboutissent et que "la justice se batte [enfin] pour elle". C'est finalement ce qui se passe et, à force de persévérance, elle obtient son titre de séjour en 2017.
Travailler pour survivre
Ses papiers en main, Seun est consciente qu'elle doit travailler pour s'en sortir. Elle fait à nouveau face à la barrière de la langue et est en grande difficulté pour trouver un emploi. La jeune femme trouve de petits boulots, comme réaliser quelques heures de ménage dans un hôtel. Elle ne gagne pas plus d'une centaine d'euros par mois, ce qui lui permet au moins d'acheter à manger (elle est logée par une association à ce moment là, ndlr.). Elle n'abandonne pas pour autant.
Un jour, lors d'un rendez-vous avec sa conseillère du Pôle Emploi, elle craque et lui dit qu'elle a vraiment besoin de travailler mais n'arrive pas à trouver de travail parce qu'elle ne parle pas français. Seun ne sait pas non plus ce qu'elle veut faire comme métier mais aimerait bien retrouver le milieu de la restauration qui lui avait plu au Nigéria. Sa conseillère l'aide alors à faire appel à un centre d'accueil pour demandeurs d'asile (CADA) de l'association France terre d'asile. Seun y entre en mai 2017 et se fait accompagner pour déposer son CV partout où elle le peut. Personne ne la rappelle... Elle rate de près l'inscription à une journée d'entretien de la Table de Cana mais on lui conseille de s'y présenter tout de même.
Très motivée, elle se présente au lieu de rendez-vous avec une demie-heure d'avance. A l'heure dite, Stéphane (notre responsable RH, ndlr.) reçoit les participants par ordre d'arrivée et Seun est la première. L'entretien se passe bien même si elle doit faire de gros efforts pour comprendre la teneur des postes proposés. Elle obtient un second entretien au siège, à Antony.
La jeune femme rencontre alors Juliette, la directrice générale. L'entretien se passe à nouveau bien et Seun espère profondément que cette fois-ci cela va marcher. Deux jours plus tard, à 14h, Seun reçoit un appel ... c'est Stéphane qui lui annonce que sa candidature a été retenue ! La jeune maman n'en croit pas ses oreilles "WOW ! It's me ! I'm going to work in France ! * ", réagit-elle.
* WAHOU ! C'est moi ! Je vais travailler en France !
Cana pour la vie
Les deux premières semaines sont difficiles. Seun a du mal à s'aligner sur les demandes de ses chefs et n'est pas très assidue. Ses responsables voient son potentiel et décident néanmoins de croire en elle. A ce moment là, la jeune femme se prend en main, est là tous les jours et arrête de se plaindre. Au bout de quelques mois, compte tenu de ses compétences, Seun est mutée sur les points de vente. Elle travaille notamment au comptoir-lunch éco-responsable des berges de Seine, lieu qu'elle affectionne particulièrement.
Cela fait presque deux ans que Seun fait partie de l'équipe de la Table de Cana et elle est très reconnaissante envers l'entreprise et surtout envers les personnes qui l'ont accompagnée. La jeune femme a pu apprendre le français, des techniques de cuisine, une rigueur de travail, le fonctionnement d'un point de vente en relation directe avec les clients. Elle a également pu trouver un appartement, grâce à son emploi et à l'aide des équipes de la Table de Cana.
Seun arrive bientôt à la fin de son contrat, elle n'espère plus qu'une chose : trouver un emploi en CDI et céder sa place à une autre personne qui aura la même chance qu'elle de se (re)lancer dans la vie.
En faisant le bilan de son expérience à la Table de Cana, elle nous dit en ces mots : "They gave me hope, they gave me trust, they love me for who I am ** "
** Ils m'ont donné de l'espoir, ils m'ont fait confiance, ils m'aiment comme je suis.
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